L'apparition d'un keiki (rejet naissant sur une hampe) n'est pas rare chez les orchidées, et plus particulièrement chez les Phalaenopsis (pour ceux qui ne connaissent pas bien ce phénomène, je vous invite à lire cette page). La question qui m'est souvent posée est qu'en faire ? Dois-je le séparer de la mère ? Si oui, comment procéder ? Cet article va tâcher de répondre à toutes ces questions. Vous êtes prêts ? C'est parti !

Note : les informations de cet article peuvent aussi être utilisées pour un rejet situé à la base de la plante mère (on ne parle pas de keiki dans ce cas). Il faudra juste veiller, au moment de séparer le rejet, à bien couper à la jonction entre le rejet et le pied mère, de manière à ne blesser aucun des 2.

 

          Tout d'abord il faut savoir qu'un keiki n'a vraiment des bonnes chances de survivre chez vous que si vous attendez qu'il ait au moins 3 feuilles et 3 racines de 3 à 5 cm (ou environ 10 à 15 cm de racine au total, suivant les auteurs) avant de le séparer de la plante mère. Evidemment, plus vous attendez, plus votre keiki sera vigoureux et plus il aura de chance de s'en sortir. Patience donc 😉 . Si vous voulez savoir comment favoriser le développement des racines sur un keiki encore accroché à la plante mère, lisez cet article.

          Mais il arrive parfois de séparer le petit de la plante mère avant qu'il ait 3 racines de 3 à 5 cm (ou environ 10 à 15 cm de racine au total). C'est le cas par exemple si le pied mère montre des signes de faiblesse ou si la hampe commence à se dessécher (dans ce dernier cas, appliquez les conseils de cet article avant la séparation prématurée, surtout si le petit possède très peu ou pas du tout de racines). On ne perd pas grand chose à tenter le coup puisque, dans ce cas, le petit est condamné car il ne pourra subsister sans contact avec une source d'eau et de minéraux. Vous devez donc remplacer l'apport d'eau et de minéraux de la plante mère par une utilisation des racines du keiki qui vivra alors en autonomie, dans le substrat que vous lui aurez mis en place. C'est une sorte de sevrage, on sépare le petit de sa mère pour qu'il s'alimente sans elle.

Note : Il peut arriver que le keiki produise une inflorescence, je vous conseille dans ce cas d'attendre si possible la fin de la floraison avant de le séparer (par contre pas de problème si c'est la plante mère qui fleurit). En cas d'urgence et si vous voulez vraiment sauver un keiki en fleur,  il est parfois préférable de couper les fleurs (qui épuiseront beaucoup le petit s'il n'est plus connecté à la plante mère).

 

           Une fois le keiki suffisamment grand (ou en cas d'urgence), prenez votre courage à 2 mains et suivez ces instructions, vous allez voir, ce n'est pas difficile, il suffit d'être vigilant et d'éviter quelques pièges. Avant de vous lancer, vérifiez que vous avez tout le matériel nécessaire pour effectuer cette opération :

  • Une paire de ciseaux bien coupants ou un cutter.
  • De quoi désinfecter les ciseaux (flamme, alcool…).
  • De la sphaigne (au pire, de la mousse de jardin stérilisée avec de l'eau chaude, mais elle est nettement moins efficace en termes de rétention d'eau que la sphaigne…).
  • Un peu de morceaux d'écorce de pin (à granulométrie fine si possible).
  • Des billes d'argile.
  • Un peu de cannelle en poudre.
  • Des pots adaptés à la taille des keikis.
  • Une grande bouteille vide en plastique de 5L ou plus (facultatif si vous possédez un terrarium ou une serre, même petite).

 

Note : Le chat n'est pas obligatoire mais c'est toujours sympa d'avoir un peu de compagnie 😉 .

 

          Une fois le matériel rassemblé, il ne reste plus qu'à préparer la plante mère. Assurez-vous qu'elle n'est pas déshydratée. Si tel est le cas, arrosez-la et patientez quelques jours.

 

 

          Stérilisez ensuite vos ciseaux à la flamme ou avec un peu d'alcool. Il ne faudrait pas contaminer les keikis ou la plante mère avec des germes issus de manipulations antérieures.

 

 

          Séparez les keikis en coupant la hampe 1 cm au dessus et 1 cm en dessous du keiki. Faites des coupes nettes, elles cicatriseront plus facilement.

 

 

          Trempez les parties coupées dans un peu de cannelle en poudre. Attention, la cannelle est un puissant antiseptique et ne doit en aucun cas être déposée sur les racines, cela qui pourrait perturber leur croissance. Voilà, le keiki est prêt à être rempoté.

 

 

          Préparez le mélange de culture composé majoritairement de sphaigne, d'un peu de morceaux d'écorce de pin et d'un peu de billes d'argile et humidifiez celui-ci (avec de l'eau non calcaire, sans chlore et bien sûr sans engrais). Utilisez si possible des morceaux d'écorce à granulométrie fine.

 

 

          Rempotez le keiki de façon habituelle (si ce n'est le mélange de culture un peu spécial puisque composé essentiellement de sphaigne). Pour ce faire, mettez un peu de billes d'argile au fond du pot, puis un peu de sphaigne. Disposez ensuite le keiki, maintenez-le d'une main et rajoutez du mélange de culture avec l'autre afin de bien installer la plante. Veillez particulièrement à ne pas abîmer les racines ce qui, vu leur faible nombre et taille, aurait des conséquences assez graves pour le keiki. Faites également attention à ne pas trop enfoncer le keiki dans la sphaigne, de manière à laisser respirer le collet et éviter tout rique de pourriture. Si jamais le keiki ne tient pas bien dans le pot, il est possible, et c'est le cas sur ces photos, de disposer des petits tuteurs afin de caler la plante avec ses feuilles. Si vous voulez plus de précisions sur le rempotage, lisez cet article.

 

 

          Voilà, les keikis sont prêts à vivre leur propre vie. Cultivez-les comme vos autres plantes, en étant juste un peu plus vigilant au niveau des arrosages (lisez cette page si vous voulez tout savoir sur la culture des Phalaenopsis). Il faut en fait veiller à ce que la sphaigne reste légèrement humide.

          Compte-tenu du peu de racines sur les keikis, il est fortement recommandé de les disposer en conditions humides pour faciliter leur reprise. Si vous disposez d'une serre, terrarium ou tout autre milieu humide, disposez-y vos nouvelles plantes, vous avez fini ! Dans le cas contraire, il va encore falloir bricoler un peu 😉

 

 

          Voici comment créer, à moindres frais, une petite serre pour aider vos keikis à repartir du bon pied (devrais-je dire racine ?) dans leur nouvelle vie. Munissez-vous d'une grande bouteille d'eau (de 5 litres par exemple), préalablement vidée.

 

 

          Découpez le haut de la bouteille et enlevez l'autocollant.

 

 

          Percez des petits trous sur tout le tour de la bouteille. Cela permettra une bonne aération.

 

 

          Disposez au fond de la bouteille un peu de sphaigne humide. Elle permettra, en séchant, de maintenir une bonne hygrométrie autour de la plante.

Attention : ne laissez en aucun cas de l'eau stagner au fond de la bouteille, il s'agit juste de maintenir cette sphaigne légèrement humide !

 

 

          Voilà, votre mini-serre est prête à recevoir votre keiki. Il a l'air bien là-dedans non ? Mettez-le à la lumière sans soleil direct et veillez à laisser le pot légèrement humide (un bassinage de temps en temps ou des vaporisations peu importe du moment que la sphaigne reste humide sans être détrempée en permanence), n'arrosez pas avec de l'engrais avant un bon mois !

 

 

          D'ici quelques mois, une fois qu'il sera "sevré" et assez vigoureux (lorsqu'il aura formé de nouvelles racines et feuilles), vous pourrez le sortir de la mini-serre et le cultiver comme vos autres Phalaenopsis. Il sera alors temps de changer de substrat, en le remplaçant par un mélange plus classique contenant moins de sphaigne et plus de copeaux d'écorce de pin, afin de faire une transition et d'habituer progressivement le keiki à pousser sur le même substrat que ses parents (composé très majoritairement de copeaux d'écorce de pin).

 

          J'espère que cet article vous sera utile, si vous avez des remarques ou des questions n'hésitez pas à me contacter ou à laisser un commentaire. A bientôt 🙂

 

Rappel : si vous voulez en savoir plus sur les keikis, ou d'une manière plus générale sur les rejets, consultez cette page (pour bien comprendre le phénomène) ou cet article pour apprendre à les aider à produire des racines.

 

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